Du premier cri au dernier souffle : la place de l’intergénérationnel dans la société d’aujourd’hui – Notre société évolue à une vitesse considérable. Les avancées technologiques nous font nous sentir en constante migration. Notre monde de sens change et nous sommes confrontés en permanence au questionnement de notre place.
Trouver leur place
En effet, si auparavant les anciens décidaient quelle place prendrait leur progéniture dans l’organisation sociale, aujourd’hui c’est cette démarche même qui est remise en question.
Les jeunes doivent « trouver leur place » et les personnes âgées sont « placées » en maison de retraite comme s’ils allaient en colonie de vacances. Comme le souligne Sonia Ciotta, psychothérapeute à Lausanne : « La question qu’il est judicieux de se poser est la suivante : sommes-nous tous dans un mouvement de retrait(e) ? » Autrement dit, en faisant démissionner les anciens de leur poste de guides des générations suivantes, au nom d’un libéralisme davantage séducteur, n’avons-nous pas tué la transmission intergénérationnelle ?

Le cycle de la vie
Depuis que l’homme existe, les sociétés se réorganisent en fonction des exigences auxquelles elles doivent faire face. Les rôles sont distribués en fonction des compétences réciproques. Il me semble que le vieillissement est un privilège. Celui d’avoir accumulé un savoir sur la vie qui permet d’acquérir de la sagesse. Celui d’avoir l’honneur de participer au cycle de la vie tout entier, de la naissance à la mort. Celui de comprendre que pour jouir pleinement de la vie il faut faire exister la possibilité de la mort.
Toutes des considérations qui jouissent d’une terne place dans les murs de nos maisons de retraite. On « distrait » nos vieux avec des activités, on s’occupe de faire « passer le temps » alors que leur temps est précieux. Il s’agit de leur laisser l’opportunité de transmettre leur savoir en leur restituant leur place de guide dans la société. A ce jour, les résidences senior sont plébiscitées comme l’indique cet article sur l’alternative qui est proposée aux familles.
Anciens souvenirs et mythes familiaux
Autrefois au coin du feu, vieux et jeunes se retrouvaient. Les uns pour écouter des histoires et les autres pour les raconter. Entre reconstitution d’anciens souvenirs et mythes familiaux, les générations se rencontraient. Ces lieux sans temps étaient fondamentaux.
Ils nourrissaient nos jeunes de représentations, offraient des passions, calmaient les angoisses. Ils construisaient du sens pour nos vieux, les accompagnant à leur tour vers leur dernier souffle du cycle de la vie.

Madame « La Mort » était présente, ornée de sa belle robe blanche. Elle accompagnait les vieux dans leur mission et embrassait les éclats de vie créées par ces rencontres au coin du feu. La vie et la mort ne sont que les deux extrémités d’un même chemin. Notre société cache la mort et de ce fait, empêche la jouissance même de la vie.
Alors, à quand le temps renouvelé des belles rencontres au coin du feu ?